• Le Sahara Marocain du sable et encore du sable !

    Le Sahara Marocain du sable et encore du sable !

    Le Sahara Marocain du sable et encore du sable !

    Dégagement du sable avant la ville de Tarfaya

     

    Jeudi 10 octobre - Tarfaya -> Laâyoune (120 Km)  

    Ce matin, je me rends compte que la montre que m’avait prêtée mon beauf René s’est arrêtée et est repartie ensuite. Ce serait-il passé quelque chose en France à ce moment précis ? Aujourd’hui, faux départ. Je voulais démarrer tôt, c’est raté. J’avais rangé toutes mes affaires et il se met à faire une averse de deux minutes au moment où il ne me restait plus que la tente à plier (normal, c’est la saison des pluies). La toile est toute mouillée et une bourrasque…. : Bamako par terre et tous mes papiers aussi, que je ramasse en catastrophe ; de même que le garde boue qui s’est déboîté. Et, heureusement, le rétro sacré n’a rien. Je nettoie mes papiers pleins de boue ainsi que les sacoches avec une gourde d’eau que je sacrifie. Tant pis, je ne me laverai pas ce matin. La deuxième béquille de Bamako a cassé. Il ne me reste plus que les bornes kilométriques pour le faire tenir droit lorsque je veux m’arrêter car ici, les arbres ça n’existe plus. Bon, je plie quand même. Je ne peux pas attendre que ça sèche. J’arrive à l’entrée de Tarfaya, ville fantôme au milieu du désert ; du sable partout, comme des congères de neige. Un tractopelle dégage la route complètement ensablée par la tempête d’hier, empêchant tout accès à la cité. Ils décrivaient cette ville comme étant hostile sur certains guides alors que je trouve les gens très gentils. Je bois un café au lait sur une terrasse. Des personnes viennent me serrer la main, me questionner et me souhaiter la bienvenue et bon voyage : si c’est ça l’hostilité, je prends ! Ils me conseillent même d’être très prudents avec les camions. L’un d’eux me dit : ce sont des animaux, ils vous foncent dessus. Je prends ensuite la direction de Layoune. Incroyable, j’ai le vent dans le dos, je n’en reviens pas. C’est le pied. Je roule avec le grand plateau avec des pointes à trente. J’aide la nature, j’en profite et pédale comme un fou, de peur que ça ne dure pas, c’est super ! Je ne suis parti de Tarfaya qu’à 9h30, le temps de faire le plein de provisions et d’eau car il n’y a aucun village avant cent kilomètres. Et là, à 13h30, j’ai déjà bouclé 80 kilomètres. Je n’ai même pas envie de m’arrêter pour manger tellement ça va bien mais il le faut. Alors, je trouve le seul buisson qui est dans le désert avec une jolie forme de parasol et je me mets à l’abri dessous. J’étale vêtements et toile de tente mouillée, qui sècheront pendant que je mange. Je ne traîne pas trop et j’avale 120 kilomètres en rien de temps. Tous les jours comme ça et je fais le tour du monde !! A l’entrée de Tarfaya, contrôle de la gendarmerie royale. Comme dab, tous les renseignements. Ils m’emmerdent pendant une demi-heure et après, me souhaitent toujours bienvenue. Le comble, c’est qu’il y a plein de voitures ou motos qui ne s’arrêtent pas et ils ne leur disent rien. 500 mètres plus loin, re-contrôle. Cette fois, c’est l’armée. Je leur dis que j’ai déjà donné une fiche de renseignements il y a deux minutes mais tant pis ; ils recommencent et de nouveau, une demi-heure de perdue et ensuite, bienvenue chez nous. Enfin, Laâyoune, grande ville truffée de casernes, de militaires et des policiers de partout.

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    Camping ombragé

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    Ouf ! un buisson pour manger à l'ombre

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    De temps en temps, en plein milieu du désert, des énormes tourbillons de sable avancent à une vitesse folle, comme des minis tornades ; c’est très joli. Ici, les habitants sont très serviables. Je cherche une rue, trois fois des personnes m’accompagnent pour me guider. Je trouve un petit hôtel sympa où je fais la connaissance de deux motards hollandais qui vont faire la Mauritanie et rangent leurs motos au côté de Bamako dans un garage fermé à clé.

    Vendredi 11 octobre - Laâyoune (repos) 

    Programme d’aujourd’hui : lessive, provisions pour demain, révision de Bamako et nouvelles sur Internet. Ce matin, je fais la connaissance de deux cyclistes Espagnols des îles Canaries qui veulent faire le tour de l’Atlas. Ils sont très sympas et très enchantés de me voir. Dommage qu’il y ait la barrière de la langue mais on arrive toujours à se comprendre et c’est parfois comique. Au dernier contrôle de police, on leur a déchiré sur leur carte routière du Maroc, la partie représentant le Sahara Mauritanien. Cela montre bien l’amour qu’entretiennent ces deux peuples. Mon carnet de bord commence à être bien plein alors, je me rends dans une librairie pour acheter un autre carnet. Avec le patron, très jeune, nous avons discuté plus d’une heure et il m’a même invité à venir dormir chez lui. Dommage, c’est trop tard …

    Aux dernières nouvelles, il y a eu un grave accident de bus cette nuit sur la route de Laâyoune que j’ai prise hier. Il s’agit d’un car de la CTM, meilleure société de transports Marocaine, le même que j’ai pris l’autre jour. Il a quitté la route et on dénombre beaucoup de victimes. La semaine dernière, c’est un autre bus, sur la route de Tiznit, qui a sauté au ravin. Ce n’est pas étonnant vu la façon dont ils roulent. Et encore heureux qu’ils ne boivent pas d’alcool !

    Samedi 12 octobre - Laâyoune -> route de Boujdour (176 Km) 

    Je me lève tôt ce matin mais impossible de partir. Ils ont perdu la clé du cadenas du garage et Bamako est emprisonné. Le serveur qui l’a fermé hier n’est pas arrivé. Alors, en attendant, je bois un thé mais le gars n’arrive toujours pas. Alors, on sort par une autre issue sur l’arrière du bâtiment mais c’est le parcours du combattant. C’est parti ! Mais ça va moins bien qu’hier car la route contourne la ville et ce, pendant 20 kilomètres, vent de face et de côté. La route est balayée par le sable, des énormes dunes commencent à envahir la chaussée. Heureusement, un gros bulldozer dégage régulièrement les abords. Plus loin, nous sommes parallèles à la mer, à environ un kilomètre de celle-ci. A 12h30, j’ai parcouru 90 kilomètres. Je décide d’aller pique niquer au bord de l’eau. Je pousse Bamako sur des traces de 4x4, ça s’enfonce un peu et je fais environ 800 mètres comme ça. Je suis arrêté par des petites falaises. Et la mer, que je croyais plus près, est encore plus loin sous d’autres précipices. La plage de sable blanc est paradisiaque, la pollution n’est encore pas parvenue jusqu’ici. Pour revenir sur mes pas, quelle galère : les roues s’enfoncent à cause de la fine couche de sable ajoutée peu à peu par le vent tel de la neige. J’ai bien cru que je ne ressortirai pas. Je retrouve enfin le bitume. La route est très calme, très peu de camions mais tous ceux que je croise me saluent généreusement. Pas une maison. Enfin, au kilomètre 120, la première station où je peux boire un thé et grignoter un peu. Ensuite, je continue à rouler au maximum car la route est maintenant très monotone, le désert à perte de vue et la mer est trop loin pour l’apercevoir. Et, de ce fait, les campements de pêcheurs très éloignés aussi. J’ai très envie de court-circuiter la partie Boujdour Dakhla qui, d’après tout le monde, est très ennuyeuse à cause du paysage identique et truffé de militaires.

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    Il y a quelques jours, à un contrôle, on m’a dit qu’il y avait deux cyclistes devant moi : un allemand un jour devant et un français avec deux jours d’avance. J’arrive à la station et on me confirme la même chose et, bizarrement, on doit rouler au même rythme car on a toujours le même écart, on ne se voit jamais. Alors, si je rejoins Dakhla en bus et qu’ils n’ont pas la même idée que moi, je risque de voir leurs tronches. Et, de passer devant, ce qui serait beaucoup plus rassurant pour moi en cas de pépin (pour le reste du parcours qui est assez hard je pense). On m’a dit qu’il y aurait un car de la CTM qui partirait à onze heures de Boujdour demain matin. Alors, si je veux le prendre, il faut que je me rapproche au maximum de la ville, qui est encore très loin. Alors, je roule, je roule et à 18 heures, j’ai parcouru 150 kilomètres. Je ne peux pas sortir de la route pour camper car ce n’est que du sable mou. Je fais quelques essais mais impossible de m’y aventurer. Alors, je décide d’aller jusqu’à la cité à 50 kilomètres. Je roule comme un fou mais, trop tard, au kilomètre 175, la nuit tombe et il est 19 heures. Heureusement, je trouve enfin une partie de sol caillouteuse qui me permet, non sans difficulté, d’accéder derrière les grosses dunes. C’est bon, je ne suis plus très loin pour parvenir à la gare routière de bonne heure demain. Bamako ne tient pas debout dans le sable alors, tant pis, il passera la nuit couché, comme moi. Et, quelle chance, nous sommes seuls dans le plus grand camping du monde !

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    Dimanche 13 octobre - route de Boujdour -> Boujdour (25 Km)

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    Énormément de contrôle à l'approche de la frontière

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    Des voisins de Mornant au poste de Police !

    Je me lève assez tôt pour arriver à la CTM un peu à l’avance. Il ne me reste que 25 kilomètres mais, après avoir roulé presque jusqu’à la ville, nouveau contrôle de police. Devant moi, il y a une estafette Volkswagen immatriculée dans le Rhône. Ça plaisante dur. Ils me disent qu’ils sont de Mornant et qu’ils transportent du matériel scolaire pour des écoles Sénégalaises ainsi que deux VTT et le fourgon, qu’ils veulent laisser là bas pour en faire un taxi. Tout cela dans le cadre d’une petite association humanitaire. C’est drôle de se trouver ici ; nous sommes  voisins, à une dizaine de kilomètres de chez moi. Ils me demandent si je n’ai besoin de rien. Je leur réponds négativement et, d’un coup, je réagis. Au lieu de prendre le bus, je leur demande s’ils n’auraient pas une petite place pour le vélo. Et là, pas de problème, ils acceptent : on va faire une petite place et mettre Bamako sur le toit, sur les autres bagages. On plaisante beaucoup avec les policiers, qui deviennent peu à peu moins coincés. Ils nous prennent même en photo et acceptent que je photographie le poste de police, chose interdite. Ensuite, après avoir à nouveau rempli nos fiches de renseignements, c’est parti ! J’observe la route, impatient de voir le ou les cyclistes qui me devancent. Pas manqué, exactement 70 kilomètres et nous dépassons le premier. Je suis persuadé que c’est l’Allemand à cause de son look et son air discipliné : casque sur la tête, équipement,…etc. Je culpabilise un peu de passer devant de cette façon mais, au fil des kilomètres, je me rends compte que c’est bien vrai : le même paysage que les trois jours précédents. Nous arrivons avant Dakhla et là, le paysage est vraiment superbe. Et, demain, je vais le faire avec Bamako car nous allons être obligés de revenir pendant 50 kilomètres sur nos pas pour reprendre la route du désert. Incroyable, nous voyons des mirages tout au long de la route ; on dirait qu’il y a des lacs et lorsque nous nous approchons, ils disparaissent. Nous arrivons à la presqu’île de Dakhla, avec des plages vierges à perte de vue. C’est impressionnant. Nouveau contrôle de police et de retour, les fiches de renseignements. Les Mornantais en voiture étaient bien renseignés car ils avaient préparé des dizaines de fiches à l’avance pour perdre moins de temps. Mais, comme les Marocains aiment discuter, ils redemandent quand même oralement pour être sûrs de ne pas se tromper. On refait 200 mètres et re belote. On leur dit qu’on vient de les donner et là, ils répondent que c’est pour notre sécurité. C’est vrai qu’en 200 mètres, il peut s’en passer des choses. Chaque fois, comme des gamins, ils chinent aux automobilistes tee-shirts, stylos ou autres cadeaux. Ils nous disent bien que si on va à la plage de Dakhla, il faut le signaler à la police ainsi qu’au retour. On me dépose en ville. Les au revoir et, je vais faire quelques courses avant de rejoindre le camping qui est sur la route du port. Je viens d’apprendre que le convoi militaire n’existe plus et qu’il va falloir se taper Dakhla - Nouâdhibou 360 kilomètres en autonomie complète. Je viens aussi d’apprendre que le visa ne se prend non plus ici mais à la frontière. J’ai aussi très faim car nous n’avons pas mangé à midi. Je fais donc mes courses dans une épicerie et demande à l’épicier si je peux manger sur place. Pas de problème, ici  rien n’est impossible. Il me fait passer derrière la boutique, m’apporte un cageot pour m’asseoir, un couteau et me paie le thé. Je vais ensuite sur Internet pour donner des nouvelles avant la Mauritanie. Il y a trois cybercafés en ville. Pendant que je surfe, un gars en VTT s’approche de Bamako qui est devant la porte. Devinez qui c’est ? Et bien, c’est le Français qui avait deux jours d’avance sur moi ! Et bien, décidément ! En plus, il va en Mauritanie. Il vient de Nantes et est au même camping que moi. Normal, ici, il n’y en a qu’un. On se donne rendez-vous ce soir. Et, problème, lorsque je sors d’Internet, il est nuit. Et, ici, les villes ne sont pas éclairées. Et le camping est à six kilomètres. En plus, avec vent de face et obligé de repasser au poste de police. Ils me redemandent si j’ai déjà donné des renseignements et ça va, ils ne m’embêtent pas plus, ils ont l’air fatigués. Je ne vois plus rien et cherche le camping dans le noir. Je suis obligé de finir à pied pour ne pas tomber. Tout à coup, très surpris j’entends appeler «Michel». Ce sont les Mornantais ! Ils ont fait 70 kilomètres et ont eu un problème de cardan sur le fourgon. Et, par sécurité, reviennent à Dakhla pour faire réparer demain. Alors, nous partageons un cabanon dans le camping pour 30 dirhams (moins de 3 euros). Ça ne vaut pas le coup de monter la tente ! Le Breton en VTT dort dans le cabanon voisin. Comme il n’est pas trop bavard, je lui propose de faire la route ensemble car, pour atteindre la Mauritanie, ça va être assez hard. Il est d’accord. La route en plein désert va être longue. D’après les dires, un premier petit village à 60 kilomètres et ensuite, une station d’essence à 250 kilomètres et puis la piste après la frontière. Et là, personne ne peut nous dire si ça passe ou non en VTT. Ce sera la surprise ! Le Breton, depuis chez lui, n’a pas fait plus de kilomètres que moi (3500). Il a beaucoup court-circuité et, c’est drôle, la partie Boujdour Dakhla, il a eu la même idée que moi et a fait le trajet en fourgon !

    Lundi 14 octobre - Dakhla -> Direction Nouâdhibou (170 Km)

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    C'est parti, avec le Nantais, son vélo Décathlon, et seulement deux sacoches à l'arrière. Je me demande comment il peut mettre toutes ses affaires. Et puis ce gars, je ne sais pas pourquoi, je ne le sens pas très bien. On démarre contre un vent assez fort pour 50 kilomètres avant de rejoindre la direction de Nouâdhibou de l'autre côté de la presqu’île. Je lui propose qu'on se relaie pour rouler. Il n'a pas trop compris le truc et, d'un seul coup, alors que je m'arrêtai pour faire des photos, il est parti comme un malade sans se retourner pour voir si je suivais. De plus, beaucoup moins chargé que moi, ça va tout seul dans les côtes. Je prends volontairement mon temps pour voir s'il réagit. Et bien non ! Il continue la tête dans le guidon comme s'il était en course. J'essaie alors de lui faire comprendre que je suis là pour visiter. Nous continuons avec le vent dans le dos, en discutant. Ca ne va pas trop mal mais si je lui dis rien, il ne s'arrête jamais. A 12h30, on a fait 75 kilomètres et on s'arrête pour manger. A peine fini, je le sens déjà pressé pour repartir. Nous roulons ensemble un moment. D'un seul coup, il prend le devant et fonce, me mettant 1 kilomètre dans la vue. La route s'arrête, ils sont en train de la goudronner, il faut alors la contourner par une piste. Et là, je ne le vois plus ! Il commence à me gonfler. J'aperçois plus loin une petite station service. Heureusement que j'avais prévu assez d'eau car elle est fermée ! Lui est là, assis à m'attendre. Alors, énervé, je lui demande s'il faisait une course et lui dis que ça ne m'intéresse pas de rouler avec lui dans ces conditions car nous n'avons pas la même vision des choses. Moi, je suis là pour visiter le pays. Je lui explique aussi que le but d'être à deux est de s'entraider pour rouler ou en  cas de pépin. Et, si l'on doit continuer comme ça, je préfère rester seul. Il me répond « non, je continue avec toi ». Alors on repart et il se calme. Le soir je le stoppe quand même sinon on roulait toute la nuit. De chaque côté de la chaussée, c'est un désert de sable. Nous avons poussé nos montures très difficilement jusque derrière une dune pour camper. Un décor super pour monter la tente. Chose incroyable, mon coéquipier m'annonce qu'il n'a presque jamais monté sa tente car, trop pressé, il dormait uniquement sur son matelas (ça ne m'étonne pas).

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    La fraicheur du soir

     

     

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    Dans le plus grand camping du monde

    Mardi 15 octobre, Direction Nouâdhibou (130 Km)  

     

    Cette nuit, nous avons essuyé une petite tempête. Ça a pas mal secoué les toiles et, alors que j'allais me lever, un arceau casse et transperce la tente. La journée commence mal. Le matin, dans le sable vierge comme la neige, il y a des traces comme celles d’un chien mais plus petites autour du campement. Ce doit être un fennec qui a senti la nourriture. Pour ressortir de derrière la dune, impossible. Bamako s'enfonce jusqu’à la moitié des jantes. Nous sommes obligés de défaire les sacoches pour les amener vers la route et de venir ensuite chercher nos VTT. Nous roulons au milieu de cette immensité, très peu de véhicules passent. Nous pouvons rester au milieu de la chaussé, quelle sensation de liberté ! Pour les besoins naturels, c'est la même, pas moyen de se cacher, on a toujours la sensation que quelqu'un nous regarde. J'ai assez d'eau et de nourriture mais il me manque du pain. La prochaine station est à 130 kilomètres. Avant, rien d'annoncé. A 13h30, nous voyons quand même des cabanes de pêcheurs dans un amas d'ordures indescriptibles. Nous y allons et incroyable, le premier cabanon en tôle est une boulangerie. Le pain est tout chaud et quelqu'un nous appelle pour prendre le thé, sous une tente, avec de l'huile d'olive pour tremper le pain. Les mouches pullulent et il est difficile de manger ou boire sans en avaler une. Les pêcheurs sont très gentils, ils habitent Dakhla ou ailleurs et viennent ici plusieurs mois pendant la saison de pêche. Cette côte est très poissonneuse et c'est un revenu non négligeable dans cette région désertique. L'un d'eux est photographe et vient ici pour photographier des trophées. Il m'offre une photo d'une langouste recouverte de billets pour représenter sa valeur. Nous nous frayons ensuite difficilement un chemin dans les ordures pour repartir. Toujours le même paysage. Tout à coup, plus de route, ils sont en train de la faire. Plus loin, un français en voiture stoppe à notre niveau et nous demande si nous n'avons besoin de rien. Il nous donne des fruits et repart. Plus loin, nous arrivons à la station service, toute neuve car du temps où existait le convoi militaire, il n'y avait rien. L'automobiliste est là aussi car le contrôle douanier Marocain est à 80 kilomètres et ferme à 18 heures. Il paraît qu'après la douane ce n'est plus goudronné et qu'en vélo il est impossible de rouler. Mais aucun ne donne d'informations précises. Alors demain, nous allons faire le trajet jusqu’au premier contrôle et voir ce qu'il en est après. Il restera une centaine de kilomètres de piste où il ne faudra pas s'écarter (sinon BOUM) et on aurait bonne mine ! ( la frontière entre le Maroc et la Mauritanie est minée sur toute sa longueur ) Si ça ne passe pas, il nous faudra trouver un véhicule tous terrains qui veut bien nous prendre à bord. Pour l'instant, nous couchons derrière la station, dans un vieil entrepôt, au milieu des carcasses de camions et des bidons d'huiles usagés. Vivement Nouâdhibou car ça fait deux jours qu'on ne s'est pas lavé. 

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    Bamako veut faire demi tour !

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    Ravitaillement dans un campement de pêcheurs

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    Plus que ça et c'est la Mauritanie !

     

    Mercredi 16 octobre - Direction Nouâdhibou (98 Km + 50 Km en 4x4)

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    Voici la douane Mauritanienne !

    Ce matin, départ pour 80 kilomètres jusqu'au premier poste de gendarmerie royale. Nous arrivons jusqu'à celui-ci, une vieille cabane en pierres à moitié écroulée, avec des bâches et des tôles dessus. Personne ne s'occupe de nous. Alors, nous cassons la croûte devant car il est 12h30. L'un des gardes s'avance et me donne une orange. Ça y est, 14h30, ils se décident : passeport...  Ensuite, direction le poste de douane, 30 mètres plus loin et on reprend un bout de route pendant sept kilomètres. Nouveau contrôle : police plus douane. Jusqu'à la frontière Mauritanienne, c'est de la piste. Certains nous disent que ça passe en vélo, d'autres pas. Alors, nous verrons bien. En tout cas, tous nous ont dis de ne surtout pas s'écarter des pistes à cause des mines. Nous croisons des Français en 4x4 qui viennent de Mauritanie. Ils nous affirment "jamais vous ne passerez". Les voitures passent à peine. Ils nous indiquent le chemin pour ne pas se tromper jusqu'à la douane Mauritanienne. Nous voilà partis. Mais, un peu plus tard, plusieurs départs de pistes : laquelle est la bonne ? J'ai l'impression que ces tracés sont faits volontairement pour piéger les touristes car, déjà, des Maures en véhicules tous terrains viennent nous proposer de nous emmener à des prix exorbitants. Nous divisons le prix annoncé par trois. Ils ne sont pas d'accord alors nous continuons. Un peu plus loin, les pistes s'entrecroisent : laquelle est la bonne ? Un vrai jeu de piste... Aucune indication et là, nous sommes un peu paumés. Et pas question de couper à travers pour aller se repérer au risque de sauter sur une mine. Dans des situations comme ça, on est quand même content d'être deux, ça rassure. On échange nos avis et, vu mon grand sens de l'orientation, je suis l'intuition de mon compagnon de route. Une piste défoncée et, de temps en temps, impossible de rouler à cause du sable, il faut pousser. On nous avait indiqué sept kilomètres, nous en avons déjà fait dix et rien à l'horizon. Nous commençons à ne pas être fiers : encore du sable et des pierres très pointues. Il ne manquerait plus qu'une crevaison. En plus, il commence à se faire tard et il ne vaudrait mieux pas camper ici. Tout à coup, nous croisons un 4x4 Marocain. Il s'arrête et nous dit que nous sommes dans la bonne direction et qu'il reste trois kilomètres. Il nous donne un litre d'eau chacun : vous ne pouvez pas savoir comme ces rencontres inespérées font plaisir dans ces moments là. Nous continuons un peu et, en effet, une herse en travers de la piste nous dit stop... et une vieille cabane en pierres à moitié écroulée : nous sommes bien arrivés au poste de police Mauritanien, accueillis par une horde de chiens très agressifs qui essaient par tous les moyens de nous bouffer les mollets. Juste avant, un fonctionnaire leur jette une paire de cailloux qui les calme en attendant que nous présentions passeports et fiches de situation. Dix mètres plus loin, il faut passer dans une autre espèce de cabane qui fait office de douane. Un grand black est couché à l'intérieur. Un autre fait cuire du poisson. Il nous dit de rentrer, fait asseoir mon compagnon sur une chaise cassée et moi sur un matelas au sol. Ensuite, ils ne font plus cas de nous. Le black se recouche et l'autre épluche des légumes. Au plafond, il y a de la viande de dromadaire qui pend. Un quart d'heure plus tard, lorsqu'il a fini d'éplucher, il nous demande tous les papiers et nous tamponne le visa après nous avoir extorqué 500 dirhams. Dehors, un autre grand black armé comme Rambo nous demande si nous n'avons rien à déclarer et nous annonce que la piste est impraticable en vélo. Pendant ce temps arrivent trois 4x4 Français : ce sont des Ardéchois. Je leur demande s'ils ont de la place : ils me répondent "impossible, on est chargé à bloc". Un instant après, ils changent d'avis en nous voyant chargés de la sorte et ils s'arrangent pour nous faire une petite place. On voyage couchés entre bagages et plafond, chacun dans un véhicule : c'est parti pour 60 kilomètres de pistes à fond la caisse. Les gars sont des habitués du désert et s'amusent beaucoup. Mais moi, à l'arrière et dans une position très inconfortable, je suis complètement cassé. Leurs véhicules sont équipés de supers GPS. Malgré cela, ils ont eu quelques difficultés à se retrouver. Et, à certains endroits, la piste est à peine praticable. Alors, en vélo, c'était mission impossible. Nous arrivons enfin de nuit à Nouâdhibou ; ça fait drôle, nous sommes en Mauritanie. Ils nous déposent devant un camping tenu depuis six mois par un Français et nous prenons place sous une tente Maure.

     

     

                                                                                 


     

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